À la maison avec Pierre-Adrien Dalpayrat
Pierre-Adrien Dalpayrat, qui a créé ce grand vase en grès cristallin est à l’honneur ce mois-ci.
Dalpayrat (1844-1910) est un important céramiste français, dont la brève mais brillante aventure en grès glacé a contribué à la renaissance de la céramique européenne.
Alors quand j’ai découvert que sa maison à l’extérieur de Paris est maintenant un musée, ouvert au public une fois par mois, j’ai immédiatement décidé de la visiter…
De la porcelaine au grès
De nos jours, la circulation gronde à l’extérieur de la villa fictive normande de Bourg-la-Reine, à environ 10km de Paris.
Mais quand Dalpayrat est arrivé ici, c’était une ville de campagne avec ses rues pavées, des voitures tirées par des chevaux, et une poignée de petites usines de poterie.
Dalpayrat avait déjà la cinquantaine. Il a commencé comme peintre de porcelaine à Limoges et a gravi les échelons à travers plusieurs entreprises de faïence et de porcelaine, dont la célèbre usine Vieillard et Johnston à Bordeaux. Mais le changement était dans l’air. La faïence et la porcelaine n’étaient plus à la mode, et de nombreux artistes embrassaient la « nouvelle » esthétique – l’Art nouveau. Grâce à des céramistes comme Jean-Joseph Carriès, Ernest Chaplet et Auguste Delaherche, le grès glacé est devenu le médium artistique de prédilection.
Dalpayrat au cœur de l’Art Nouveau
Vous pouvez voir des exemples de poterie de Dalpayrat dans les grands musées du monde entier, mais les quelque 120 pièces exposées au rez-de-chaussée de son ancienne maison feraient baver n’importe quel conservateur.
L’esprit de l’Art nouveau est partout, des vases aux lignes étranges et organiques aux cruches zoomorphes et masques grotesques. Dalpayrat, lui-même un artiste talentueux, a stimulé la créativité en embauchant parmi une longue liste de sculpteurs, de designers et de décorateurs tels que Lucien Coudray, Georges de Feure, Alexandre Charpentier et Edward Colonna.
Dalpayrat a expérimenté des glaçures de style « oriental » dans de somptueux bleus, verts, ocres et violettes. Le plus célèbre était, et est, son sang de bœuf glaçure, pas uniforme rouge mais moucheté de couleurs minérales. La diversité des pièces rend difficile à croire qu’elles ont toutes été fabriquées en moins d’une décennie.
L’héritage de Dalpayrat
Les pièces Dalpayrat ont été vendues dans tous les meilleurs magasins, dont La Maison Moderne et la Maison de l’Art Nouveau de Siegfried Bing. Cela lui valut les éloges critiques et la Légion d’Honneur. Ce qu’elle ne fit pas, et Dalpayrat en fut le premier à remarquer l’ironie, fut un profit. Il y a eu une dernière tentative de sauvetage de l’entreprise avec une gamme de – oui, vous avez deviné – faience. Quand il a échoué, la production a chuté et l’usine a fermé.
L’aventure a duré un peu plus de 6 ans, mais à cette époque, la poterie Dalpayrat a inspiré une nouvelle génération de céramistes en France et en Europe. Elle apporte un nouveau raffinement au mouvement Art Nouveau… précisément au moment où il culmine et commence à décliner.
La maison de Dalpayrat
43 avenue du Général Leclerc, 92340 Bourg-la-Reine, à 14 km de Paris.
Ouvert au public le 3e samedi du mois, 10h-midi et 14h-17h. Fermé en juillet et août.