Pierre D’Avesn : dessins sur Art Déco
Dans un monde Art déco, toutes les mouettes seraient allongées et élégantes, comme celles qui sillonnent ce vase de Pierre d’Avesn (1901-1984). Il a été réalisé vers 1926-1930, alors que D’Avesn travaillait comme designer indépendant.
Contrairement à René Lalique ou à Marius Sabino, Pierre d’Avesn* n’a jamais été propriétaire de sa propre entreprise ni n’est devenu un nom familier. Pourtant, sa contribution au verre français est considérable, et pas seulement parce que sa carrière a chevauché la meilleure partie du XXe siècle. Homme talentueux au bon moment, d’Avesn a contribué à forger le style Art déco en verre.
*De son vrai nom Pierre Girre
Les années Lalique
D’Avesn a reçu une première formation artistique à la prestigieuse École des Arts Décoratifs. Parmi ses professeurs, on compte le sculpteur Émile-Louis Décorchement (mais pas, comme le prétendent certains, son plus célèbre fils François, céramiste et maître de pâte-de-verre).
Cependant, il ne pouvait pas être là depuis longtemps puisque, à l’âge de 14 ans, il travaillait déjà chez René Lalique. Lalique avait récemment commencé à déployer des techniques industrielles pour créer un verre sculpté exquis – une approche inédite à cette époque. Pour un jeune artiste décorateur en herbe à cette époque, il est difficile de penser à un endroit plus excitant pour commencer.
D’Avesn est resté chez Lalique pendant une décennie et deux modèles emblématiques, Serpents et Tourbillon (ci-dessous), lui sont attribués.
Pierre d’Avesn conçu pour tous les grands (eh bien, presque)
En 1926, à la suite de l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris, d’Avesn fait le grand saut, quitte Lalique et s’installe comme indépendant. Au cours des quatre années qui suivent, il conçoit une trentaine de pièces qu’il confie à la Cristallerie de Saint-Rémy.
Puis, en 1930, il est engagé par Daum pour diriger une nouvelle usine à Croismare qui fabrique du verre d’art moulé sous le nom de « Lorrain ». Il a relevé le défi avec une série de dessins massifs et exubérants avec différents effets texturaux en verre dépoli, fumé et coloré, parfois d’une couleur surprenante.
Lalique, Daum, Verlys, Choisy-le-Roi, Sèvres, Vannes-le-Châtel…
La carrière de Pierre d’Avesn s’étend à l’industrie française du verre de luxe du XXe siècle.
Cette aventure s’achève avec la grève générale de 1936. L’ambiance était moins que joyeuse chez Daum – l’entreprise a réduit ses activités et d’Avesn était au chômage. Au cours des quatre années suivantes, il travaille comme gérant d’un autre grand verrier, Verlys (la Verrerie d’Andelys), qui a également été interrompue par la Seconde Guerre mondiale. Pendant un certain temps, il repart en solo, confiant la production de ses créations aux verreries Choisy-le-Roi, comme l’ont fait André Hunebelle, Edward Etling et Jean Luce.).
Inépuisable créateur, D’Avesn poursuit sa conception bien au-delà des années 1950 et 1960, dernièrement pour Vannes-le-Châtel.