Jean Pointu, Léon Pointu : formes raffinées et sublimes glaçures
Le printemps surgit et pour le prouver les tulipes éclatent de couleurs. Il modélise des pots en grès de Jean Pointu et Léon Pointu, un duo père-fils qui apporte une contribution importante à la poterie du XXe siècle. Bien connus des amateurs de poterie français, les Pointus se spécialisent dans les formes raffinées et les glaçures sublimes.
Jean Pointu et l’École de Carriès
Jean Pointu (1843-1925) est un potier chevronné qui passe la majeure partie de sa carrière à travailler dans la faïence et la majolique dans son entreprise à Fontainebleau. Au début de la soixantaine il semble avoir une révélation, des bâtons pointus pour repartir à St-Amand-en-Puisaye en Bourgogne. C’est un choix décisif. Riche en argile, St-Amand a une longue tradition de cinq siècles de fabrication de pots glacés au sel robustes pour le stockage et la conservation des aliments.
Dans les années 1890, la région acquiert une dynamique beaucoup plus créative avec l’arrivée du célèbre sculpteur Jean Carriès (1855-1894). Inspiré par la poterie japonaise, une des grandes révélations de l’Exposition Universelle de 1878 à Paris, Carriès se consacre jusqu’à sa mort au grès artistique. Pointu s’inspire à son tour de Carriès et réussit même à recruter certains des anciens artisans de Carriès pour son propre atelier.
Les caractéristiques de la poterie de Jean Pointu
Pointu est méticuleux dans ses efforts pour maîtriser ses glaçures, ne laissant rien au hasard pour atteindre l’effet qu’il désire.
Les couleurs de Pointu ont tendance à être atténuées, avec des glaçures qui se replient subtilement les unes sur les autres. Le mot-clé est contrôle : il n’y a pas de gouttes ou d’effets texturaux « aléatoires » que vous voyez dans le travail de certains de ses contemporains.
En termes de forme, tout est question d’économie et de pureté, encore une fois l’influence japonaise. C’est invariablement la glaçure qui fait la conversation. Les résultats sont extraordinairement beaux.
Léon Pointu affirme son style
Léon travaille en étroite collaboration avec Jean dans les premières années et sans l’aide d’une signature, il peut être assez difficile de distinguer le travail du fils de celui du père. Mais après la mort de Jean un style distinctif de Léon Pointu apparaît.
L’influence japonaise recule. Les couleurs deviennent plus vives et les contrastes plus forts. Les poignées commencent à faire leur apparition et le studio produit des pièces plus grandes.
À la fin des années 1920, Léon Pointu développe un nouvel effet de glaçure, Peau de Serpent, à la fois saisissant et techniquement délicat.
D’autres ajouts comprennent des gouttes de platine ou d’or sur un fond émaillé foncé.
La technique, inventée par Louis Bridoux, est utilisée par plusieurs usines, mais les exemples de Léon Pointu sont, je pense, parmi les plus étonnants.